Commission des droits
L’insigne des blessés de guerre
Les ouvrages de phalèristique (1) sont nombreux et généralement bien documentés. Toutefois, les indications qu’ils comportent sur l’insigne des blessés de guerre, sont généralement incomplètes ou inexactes, tant il est vrai que l’histoire de cet insigne et ses conditions d’attribution sont compliquées.
Dés la fin de l’année 1914, des parlementaires en mission au front avaient relayé auprès du Gouvernement et de l’opinion publique, le souhait de certains généraux de voir les actions d’éclat récompensées par des décorations. Après un long travail parlementaire, la Croix de guerre fut instituée par la loi du 8 avril 1915. Depuis le début de l’année 1915, l’académicien et député de Paris Maurice Barrès, soutenait quant à lui, l’idée de création d’un ruban ou d’un insigne spécial qui serait réservé aux blessés de guerre.
» Je demande une médaille des invalides de guerre pour qu’elle soit, sur la poitrine du soldat malheureux, le témoin, la preuve du sacrifice que la France lui a demandé aux heures difficiles et pour qu’elle soit, auprès de nous tous, un rappel muet et un « souviens-toi » de la dette patriotique qui nous incombe à tous. » (L’Echo de Paris – 28 mars 1915)
Le 13 janvier 1916, le député Henry Fougères, lors d’une intervention à la Chambre des députés, exprima également le vœu que soit créé pour les soldats blessés au front, une médaille ou un insigne distinctif. Cette opinion était largement partagée par l’ensemble des parlementaires.
Lors de sa séance du jeudi 27 juillet 1916, la Chambre des députés, sous la présidence de M. Paul Deschanel, examina et adopta une proposition de résolution, déposée par les députés Paté et Petijean, visant à accorder un insigne spécial aux militaires mis hors cadres ou versés dans les services auxiliaires pour blessure ou maladie. Le député Henry Paté se montra particulièrement actif sur ce projet.
Membre de la commission ministérielle chargée d’examiner et de proposer au Gouvernement un projet de réalisation de la Croix de guerre, ce parlementaire possédait sur ces questions, une solide expérience. On relève également au Journal des Débats, des interventions des de MM. Aristide Prat et Paul Escudier, respectivement députés de Paris et de Versailles, qui soutinrent activement le projet.
Texte de la proposition de résolution
M. le président. L’ordre du jour appelle la discussion de la proposition de résolution de MM. Henry Paté et Petitijean invitant le Gouvernement à accorder d’urgence un insigne spécial aux militaires de tous grades mis hors cadres, ou réformés, ou versés dans le service auxiliaire pour blessure de guerre ou maladie contractée au service.
Cette affaire a été inscrite à l’ordre du jour sous réserve qu’il n’y ait pas débat en exécution des articles 97 à 99 du règlement.
Je consulte la Chambre sur la question de savoir si elle entend passer à la discussion de l’article unique.
(La Chambre, consultée, décide qu’elle passe à la discussion de l’article.)
M. le président. « Article unique. – La Chambre invite le Gouvernement à instituer d’urgence un insigne spécial pour les blessés de la guerre ou les militaires retraités, mis hors cadres ou réformés pour maladies contractées ou aggravées au service. »
Personne ne demande la parole ?…
Je mets aux voix l’article unique de la proposition de résolution. L’article unique, mis aux voix est adopté.
Par arrêté en date du 11 août 1916, le général Pierre Roques (2), ministre de la Guerre, organisa un concours, « ouvert en vue de la détermination d’un insigne spécial destiné aux militaires de tous grades mis hors des cadres, ou réformés, ou versés dans le service auxiliaire pour blessures de guerre ou maladies contractées en service, au cours de la campagne actuelle contre l ‘Allemagne et ses alliés . »
Le second paragraphe de cet arrêté, précisait : « Cet insigne est constitué par un ruban, qui, après la guerre, sera celui de la médaille commémorative de la campagne actuelle contre l’Allemagne et ses alliés. Ladite médaille fera l’objet d’un concours ultérieur. »
Il était par ailleurs indiqué que la future médaille commémorative, d’un diamètre de 32 millimètres, serait frappée en bronze patiné. Les projets devaient être déposés à l’annexe du ministère de la guerre (service de la Croix de guerre, rue de Bellechasse), à partir du 25 août et jusqu’au 5 septembre 1916.
On constate donc que l’insigne spécial des blessés devait à terme se confondre avec la Médaille commémorative de la Grande Guerre, et qu’il ne s’agissait pas, au moins pour le ministre de la Guerre, d’étudier ou de proposer la création d’une médaille particulière au bénéfice des blessés de la guerre.
L’insigne spécial des blessés de guerre fut officiellement institué par une circulaire du ministère de la guerre le 11 décembre 1916. Comme prévu au règlement du concours, il se composait uniquement d’une barrette de tissu à fond blanc, comportant sept raies verticales : une raie rouge centrale et, de part et d’autre, une raie jaune et deux raies bleues, sur laquelle était piquée une étoile métallique de 10 millimètres à cinq branches émaillée de rouge vif.
Dés la création de la Médaille commémorative, l’insigne spécial devait disparaître, seul étant conservé, piqué sur le ruban de la Médaille commémorative, la petite étoile métallique rouge (ou les étoiles), symbolisant la blessure reçue par le combattant. On ignore à la fois le nom du gagnant du concours (si gagnant il y eut…) et le symbolisme des couleurs retenues pour le ruban.
La Médaille commémorative française de la Grande Guerre fut créée par la loi du 23 juin 1920. Le modèle, choisi à la suite d’un concours organisé par le ministère de l’instruction publique et des beaux-arts, est l’œuvre du graveur A. Morlon.
Contrairement aux dispositions précédemment arrêtées, le ruban ne reprend pas les couleurs retenues pour l’insigne des blessés, mais se rapproche assez curieusement de celui de la Médaille de la campagne d’Italie, créée par décret impérial le 11 août 1859 (ruban de 36 millimètres coupé dans le sens de sa longueur, de onze raies blanches et rouge-clair alternées : six blanches d’une largeur de 3,5 millimètres et cinq de 3 millimètres). Autre particularité, la bélière est de largeur du ruban (à l’Anglaise), ce qui est tout à fait exceptionnel pour une décoration française.
Les conditions d’attribution de l’insigne spécial, telles qu’elles avaient été fixées par une circulaire du ministère de la guerre en date du 3 février 1917, ayant fait l’objet de nombreuses difficultés d’interprétation, le ministre de la guerre, Paul Painlevé, précisa dans une circulaire en date du 15 juin 1917, les règles à appliquer.
Circulaire du 15 juin 1917
Afin d’obvier aux difficultés qui se sont produites dans l’interprétation de la circulaire 3305 K. du 3 février 1917, réglant les conditions d’attribution de l’insigne spécial, et en vue d’assurer une application uniforme des prescriptions édictées antérieurement, il y aura lieu de se conformer désormais aux règles ci-après :
- En dehors des blessés de guerre et des réformés n°1, dont les titres sont évidents, l’insigne spécial des blessés et réformés devra être accordé aux réformés n°2 remplissant les deux premières des conditions fixées par l’article 1er de la loi du 9 décembre 1916 ( J.O. du 11) relatives aux allocations temporaires mensuelles, c’est à dire :
a) Avoir été incorporés pendant 60 jours au moins depuis le 11 août 1914 ;
b) Avoirsubiuneaggravationdeleurinfirmitédueauxfatigues,dangersouaccidentsduservicemilitaire,
aggravation présumée imputable au service, sous réserve de la preuve contraire à la charge de l’autorité militaire ;
- La réforme temporaire étant assimilable, pour les hommes de troupe, à la position des officiers placés hors cadres, qui ont droit à l’insigne, les militaires réformés temporairement devront également recevoir l’insigne des blessés et réformés, s’ils réunissent les conditions indiquées ci-dessus pour les réformés n° 2 ;
- Il en sera de même des militaires réformés n° 2 depuis la mobilisation et remplissant les mêmes conditions, placés ultérieurement, soit dans le service armé, soit dans le service auxiliaire, à la suite de la contre-visite prescrite par la loi du 17 août 1915, ou des contre-visites qui pourront de nouveau être ordonnées ;
- Les officiers retraités pour d’autres raisons que pour les blessures ou infirmités provenant du service, rayés des cadres ou mis hors cadres, doivent remplir les mêmes conditions que les réformés n° 2 ;
- Attribution de l’insigne spécial aux militaires versés dans le service auxiliaire pour maladie contractée ou aggravée au service, s’ils réunissent les conditions imposées aux réformés n° 2 par la présente circulaire.
Au cours de la Grande Guerre, la France mobilisa 8 410 000 hommes et environ 1 375 000 furent tués au combat. Plus de 3 600 000 furent blessés, dont la moitié le furent au moins deux fois et 100 000 trois fois ou plus (3).
Légitimement, les anciens combattants de la Grande Guerre tenaient donc beaucoup à la création d’une médaille particulière attestant des blessures qu’ils avaient reçues au front. Le ruban de l’Insigne se transformera donc, dés la fin des hostilités, en une véritable médaille « pendante », qui bien que non officielle, fut largement tolérée.
A la demande des anciens combattants, les fabricants de décorations élaborèrent différents modèles, dont le ruban était conforme à celui de l’insigne créé en 1916. Le module métallique uniface, était constitué d’une étoile émaillée (ou simplement peinte) de rouge vif symbolisant le sang versé, entourée d’une couronne de feuillage dorée. On distingue généralement quatre modèles (ou types).
En l’absence d’un modèle officiel, ces différentes médailles comportent inévitablement, notamment pour le module métallique et le système de fixation du ruban, de très nombreuses variantes.
Essai de classement
1° – La médaille du premier type est constituée d’une étoile à cinq branches émaillée de rouge vif (sur certains modèles à fond rayonnant), entourée d’une couronne métallique ouverte et dorée, composée pour partie de feuilles de chêne et de laurier (parfois seulement de feuilles de chêne). A notre avis, ce modèle est le mieux réussi de la série.
2° – La médaille du second type est identique au premier modèle, mais la couronne de feuillage est fermée. Il existe là encore des variantes (couronnes fines ou couronnes plus denses de feuillage). Remarque : un modèle également fort bien réussi et équilibré où les pointes de l’étoile dépassent largement de la couronne de feuillage.
3° – La médaille du troisième type est également constituée d’une étoile à cinq branches émaillée de rouge vif, posée sur un coussin circulaire de feuillage, généralement composé de feuilles de chêne et de laurier (parfois uniquement de feuilles de laurier).
4° – La médaille de quatrième type est constituée, comme les précédentes, d’une étoile à cinq branches émaillée de rouge vif, posée sur un coussin de feuillage en pétales, en forme de trèfle à quatre feuilles d’un diamètre inférieur à celui de l’étoile.
Contrairement à la Croix de Guerre, dont des fabricants de décorations ou d’habiles bijoutiers, réalisèrent, à la demande d’anciens combattants fortunés, des modèles en argent, en vermeil, et même parfois en or massif, le module métallique de la médaille des blessés est généralement constitué d’un alliage métallique léger en bronze d’aluminium, plus ou moins correctement doré et émaillé.
Pour les anciens combattants blessés au front, l’insigne des blessés revêtait une telle signification, que l’on trouve des Croix de guerre, des Médailles militaires et des Étoiles de la Légion d’honneur, dont le ruban est composé pour partie aux couleurs réglementaires de la décoration et pour l’autre partie, aux couleurs de l’insigne des blessés de guerre. On observe également, plus rarement, un ruban composé aux couleurs de la Médaille militaire, de la Croix de guerre et de l’insigne des blessés et un autre aux couleurs de la Médaille militaire, de la Croix du combattant et de l’insigne des blessés.
Cette tradition des rubans composés (non officielle) était en réalité ancienne, puisque l’on remarque parfois, dans certaines collections, des rubans composés aux couleurs la Légion d’honneur et de la Couronne de Fer (1er Empire) ; de la Légion d’honneur et de la Médaille de Sainte – Hélène (second empire) ; de la Légion d’honneur et de la Médaille de Crimée etc.
Mais l’histoire de l’insigne des Blessés de Guerre ne s’arrête pas là. Par arrêté interministériel en date du 27 mars 1941, le Gouvernement de Vichy, autorisa à nouveau le port de l’insigne pour les blessés de la campagne de 1939-1940.
Arrêté interministériel autorisant à porter l’insigne des blessés créé pendant la guerre 1914-1918
du 27 mars 1941
Art. 1er. Tous les militaires ayant reçu une blessure de guerre pendant la campagne de 1939-1940 sont autorisés à porter l’insigne des blessés créé pendant la guerre 1914-1918.
Il est rappelé que cet insigne se compose uniquement d’une barrette en ruban dont les couleurs sont celles de l’insigne précédemment institué et au milieu de laquelle est piquée une étoile à cinq branches émaillée rouge vif.
Art. 2. Il ne sera pas délivré de certificat.
Les pièces médicales en possession des intéressés (certificat d’origine de blessure, billet d’hôpital, notification de pensions, etc.) suffiront à justifier de leur droit au port de l’insigne, à la condition qu’elles ne laissent aucun doute sur le caractère de » blessures de guerre » des blessures mentionnées.
Art. 3. Les intéressés devront se procurer l’insigne à leurs frais, dans le commerce.
Cet arrêté ne figure pas au nombre des actes du Gouvernement de Vichy annulés à la Libération. L’ordonnance du 7 janvier 1944 du Comité français de la libération nationale relative aux décorations décernées à l’occasion de la guerre, ne fait mention d’aucune disposition particulière concernant l’attribution et le port de l’insigne des blessés de guerre.
La Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945, fut instituée par décret en date du 21 mai 1945. Elle comporte de nombreuses barrettes portant l’indication des diverses phases de la campagne à commémorer, dont une barrette « France » pour les opérations effectuées du 3 septembre 1939 au 25 juin 1940. En dehors des personnes ayant fait l’objet d’une condamnation à une peine afflictive et infamante pour des faits accomplis pendant la période des hostilités, tous les mobilisés et les combattants volontaires peuvent y prétendre.
D’une manière générale, en l’absence de toutes dispositions contraires, les blessés de guerre de la seconde guerre mondiale, peuvent donc, réglementairement, ajouter sur le ruban de la Médaille commémorative de la guerre 1939-1945, pour chaque blessure reçue (4), une étoile émaillée rouge du modèle adopté pour les blessés de la Grande Guerre.
En 1952, sur proposition du ministre de la Défense nationale René Pleven, une loi fut adoptée dans le but de réglementer pour l’avenir, les conditions d’attribution et de port de l’Insigne. Cette loi, toujours en vigueur, étend l’attribution de l’Insigne des blessés aux déportés et internés de la Résistance, ainsi qu’aux prisonniers de guerre blessés au cours de leur détention.
Loi n° 52-1224 du 8 novembre 1952, réglementant le port de l’insigne des blessés de guerre
Article premier.
Tout militaire ayant reçu une blessure de guerre au cours d’une campagne quelconque est autorisé à porter, jusqu’au moment où aura été créée une médaille commémorative de ladite campagne, l’insigne des blessés institué par la circulaire du 11 décembre 1916 pour les militaires blessés au cours de la campagne 1914- 1918 et accordé aux blessés de la campagne 1939-1940 par l’arrêté du 27 mars 1941.
Article 2.
Dés la création de cette médaille commémorative, l’insigne des blessés est remplacé par une barrette portant une étoile à cinq branches émaillée de rouge vif analogue à celle qui constitue l’insigne des blessés.
Article 3.
Les déportés et internés visés à l’article 6 de la loi n° 48-1251 du 6 août 1948 établissant le statut définitif des déportés et internés de la Résistance, ainsi que les prisonniers de guerre blessés au cours de leur détention, bénéficient des dispositions de la présente loi.
La présente loi sera exécutée comme loi de l ‘Etat.
Conformément à l’article II, l’étoile devait donc être fixée sur une barrette métallique prenant place sur le
ruban de la Médaille commémorative. En réalité, cette disposition ne fut jamais appliquée. Médailles commémoratives créées après la seconde guerre mondiale :
- Médaille commémorative française des opérations en Corée (décret du 8 janvier 1952)
- Médaille commémorative de la campagne d’Indochine (décret du 1er août 1953)
- Médaille commémorative des opérations au Moyen-Orient [Suez] – (décret du 22 mai 1957)
- Médaille commémorative des opérations en Afrique du Nord (décret du 11 janvier 1958)[Algérie- Tunisie – Maroc- Sahara et Mauritanie]
Réglementairement, les militaires blessés au cours de ces différentes campagnes peuvent donc, comme leurs aînés, ajouter sur le ruban de la médaille commémorative de la campagne, autant d’étoiles émaillées de rouge vif, qu’ils ont reçu de blessures.
De 1958 à 1991, la France n’a créé aucune médaille commémorative pour certaines opérations ou missions auxquelles ses soldats ont participé, sous le drapeau français ou ceux de l’OTAN et des Nations Unies.
En revanche, les intéressés peuvent recevoir la Médaille d’Outre-Mer (ex. Médaille coloniale), avec une agrafe en argent ou en vermeil portant le nom de la campagne ou de l’opération (5).
Toutefois, le fait de considérer la Médaille d’Outre-Mer comme une simple médaille commémorative est parfois discuté. Ce point vu nous semble en réalité contraire aux textes fondateurs.
En effet, dans leur rapport commun au président de la République qui accompagnait le projet de décret déterminant les actions ou campagnes de guerre donnant droit à l’obtention de la médaille coloniale, les ministres de la marine et de la guerre avaient précisé : « elle ne saurait en outre, tout naturellement, être accordée pour participation à des expéditions qui ont déjà donné lieu à la délivrance de médailles commémoratives spéciales, telles que celles du Dahomey, de Madagascar, du Tonkin, etc. ».
Ce principe n’a pas varié, et l’on relève d’ailleurs que l’article 6 du décret du 9 octobre 1995 portant création de la Médaille commémorative Française (v .infra), stipule : « les missions ouvrant droit à la médaille d’Outre-mer, ne peuvent ouvrir droit à la Médaille commémorative Française. »
On peut donc légitimement en conclure que les militaires blessés au cours de ces missions ou opérations, peuvent signaler leurs blessures, en piquant sur le ruban de la Médaille d’Outre-mer une étoile émaillée rouge pour chaque blessure reçue.
En revanche, avec la création de la Médaille Commémorative Française (6), ce problème ne se pose plus pour les militaires blessés au cours des opérations extérieures effectuées à compter du 1er mars 1991.
En effet, conformément à l’article II du décret n° 95-1098 du 9 octobre 1995, portant création de la nouvelle Médaille Commémorative Française : « la Médaille commémorative Française est destinée à récompenser les personnes civiles ou militaires pour leur participation effective à des missions décidées par le Gouvernement et menées hors du territoire national à compter du 1er mars 1999 ».
Une agrafe prend place sur le ruban. Elle porte l’inscription rappelant le théâtre d’opérations concerné et ne peut être attribuée qu’une seule fois pour un même théâtre d’opérations. Le cumul des agrafes est possible. Il existe actuellement plusieurs agrafes : Ex-Yougoslavie, Haïti, Albanie, Timor-Oriental et autres plus récentes).
Dés la création de l’agrafe correspondante, les militaires blessés au cours des opérations ouvrant droit à la Médaille commémorative Française, peuvent donc désormais signaler leurs blessures dans des conditions identiques à celles retenues lors la création de l’insigne des blessés au cours de la Grande Guerre.
Dans les faits, ces dispositions réglementaires, très peu connues des militaires et de l’ensemble du monde combattant, n’ont pratiquement jamais été appliquées et il est rare de remarquer un ruban d’une médaille commémorative ou d’Outre-Mer, sur lequel soit piquée une étoile des blessés.
On notera également que la définition des opérations susceptibles d’ouvrir droit à l’attribution de la Médaille d’Outre-Mer ou de la Médaille commémorative Française relève de la compétence du ministre de la Défense. D’une manière générale, depuis le 1er mars 1991, la Médaille d’Outre-Mer est attribuée pour les campagnes et opérations se déroulant sur les anciens Territoires français d’Outre-Mer (Tchad, RCA etc. et la Médaille Commémorative Française pour les autres pays (ex-Yougoslavie, Timor etc..).
En conclusion nous pensons qu’il aurait été sûrement plus simple, et surtout plus lisible, de consacrer la coutume en créant un insigne officiel « pendant » pour les blessés de guerre, ce qui semble en cours.
Une avancée significative
Sensibilisé sur cette question, l’actuel ministre de la Défense a fait préparer un projet de décret officialisant l’insigne des blessés. A notre connaissance, ce projet serait toujours en cours d’examen par le Conseil d’État. Toutefois, afin de pallier les lenteurs de cette procédure, l’attribution de l’insigne des blessés de guerre a fait l’objet le 14 avril 2015 d’une instruction provisoire de l’Etat-major de l’armée de terre (n° 1403/DEF/EMAT), fixant au sein de cette armée les modalités de son attribution, de remise et de port. Nous ignorons s’il existe des instructions similaires pour les autres armées (Air, Marine).
Préambule.
La présente instruction a pour objet de fixer au sein de l’armée de terre, les modalités d’attribution, de remise et de port de l’insigne des blessés de guerre.
1. MODALITÉS D’ATTRIBUTION.
L’insigne des blessés de guerre témoigne la reconnaissance et le soutien de la nation aux militaires blessés. Il est attribué aux militaires atteints d’une blessure de guerre constatée par le service de santé des armées et homologuée par le ministre de la défense.
Les conditions d’homologation des blessures de guerre sont définies par l’instruction n° 15500/T/PM/1/B du 8 mai 1963 modifiée.
Le chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT) donne délégation, pour signer les actes relatifs à l’attribution de l’insigne des blessés, aux autorités militaires de premier niveau de l’armée de terre. L’insigne est réputé acquis le jour de la signature de l’acte relatif à son attribution.
2. MODALITÉS DE REMISE ET DE PORT.
L’insigne des blessés de guerre est constitué d’un module bronze doré, de 30 mm constitué d’une étoile à cinq branches en émail rouge vif entourée d’une couronne mi-feuilles de chêne, mi-feuilles de laurier et d’un ruban de 50 mm de long et 35 mm de large, composé de la façon suivante : un liseré blanc de 1 mm suivi d’une bande bleue de 5 mm, raie blanche de 1 mm, bande bleue de 4 mm, raie blanche de 1 mm, raie jaune de 3 mm, raie blanche de 1 mm de part et d’autre d’une bande centrale rouge sang de 3 mm.
Chaque blessure supplémentaire est matérialisée par une étoile émaillée rouge vif sur le ruban de l’insigne.La barrette de l’insigne des blessés de guerre est un rectangle du ruban décrit ci-dessus d’une longueur égale à la largeur du ruban et de 10 mm de hauteur.
Les blessures sont matérialisées sur la barrette par autant d’étoiles que celle-ci peut en contenir.
L’attributaire de l’insigne des blessés de guerre peut se le procurer à titre gratuit via le carnet d’habillement des militaires d’active.
Il n’existe aucune obligation de réception officielle. Les conditions de remise et de port de l’insigne sont facultatives et laissées à la libre appréciation de l’intéressé. S’il le souhaite, une remise de l’insigne peut être organisée dans un lieu public ou privé, et si les circonstances le permettent, à l’occasion d’une cérémonie militaire, le cas échéant sur le front des troupes.
En cas de remise, la formule à prononcer est la suivante : grade, nom, prénom, au nom du ministre de la défense, nous vous décernons l’insigne des blessés de guerre. En l’absence d’ordre de préséance, l’insigne des blessés de guerre est porté après les médailles commémoratives françaises.
2. DISPOSITIONS ADMINISTRATIVES.
L’organisme d’administration des bénéficiaires mentionnera l’attribution de l’insigne des blessés de guerre sur les pièces matricules de la manière suivante
- « A reçu l’insigne des blessés de guerre, le… (date). » ;
- veillera à la mise à jour du système d’information des ressources humaines (SIRH) « CONCERTO»Pour le ministre de la défense et par délégation :Le général d’armée,
chef d’état-major de l’armée de terre,Jean-Pierre BOSSER.Dans l’attente du décret officialisant enfin l’insigne des blessés, nous en sommes là !Signalons toutefois que le ministre de la Défense a récemment signé de sa main des diplômes encadrés d’un liseré tricolore autorisant certains blessés à porter l’insigne des blessés de guerre (cas des militaires blessés lors de l’attentat du « Drakkar », notamment.
Daniel Lavergne
Administrateur au GR/18 de la Fédération nationale André Maginot
- (1) Terme étymologiquement contestable, aujourd’hui couramment utilisé par les spécialistes pour désigner les ouvrages consacrés aux Ordres et Décorations.
- (2) Le général Pierre Roques, né à Marseillan (Hérault), fut ministre de la Guerre d’août à décembre 1916.
- (3) Ces chiffres sont les plus couramment admis. Selon certaines études, ils seraient malheureusementsupérieurs.
- (4) On entend généralement par blessures de guerre, les blessures officiellement homologuées.
- (5) Agrafe en argent : Madagascar ; agrafes en vermeil : Tchad, Mauritanie, Liban, Zaïre, Ormuz,Cambodge, Moyen-Orient (opérations Salamandre, Artimon, Busiris, Daguet, Méteil, Phère, Libage,
Ramure, Merrain, Monuik, Aconit et Alysse)
(6) A notre avis, d’une rare pauvreté au plan du graphisme !